
tapisserie au TAMAT de Tapta WIERUSZ KOWALSKI-composition verticale 1969, lin, laine, matériaux divers
Allez je vous emmène cette fois-ci au Musée de la Tapisserie et des arts textiles , le TAMAT, à Tournai, en Belgique, où je me suis rendue en novembre dernier.

Crée en 1981 le TAMAT a pour projet dès l’origine de valoriser l’art de la tapisserie de lice mais également de promouvoir la création textile contemporaine .
J’ai pu voir un ensemble exceptionnel de 10 tapisseries du XV ème et XVIème siècle attribuées à Tournai, témoignage de l’intense activité licière de la cité à cette époque dont les productions étaient diffusées dans toute l’Europe.



Tapisserie Histoire d’Hercule, crée dernier quart du XVeme siècle. Laine, soie

Tapisserie 1500-1520 Joyeuse entrée et remise de clé, laine, soie, atelier non identifié Tournai, Bruxelles ?
Un nouveau souffle de liberté dans l’art textile se fait sentir dans ce Musée .
En effet ce musée expose une collection de tapisseries modernes et d’arts textiles contemporains pour faire comprendre l’évolution et les métamorphoses de la tapisserie des années 1940 à nos jours.
Rappelons qu’en 1991, lorsque la 15ème Biennale internationale de Lausanne acquiert une nouvelle dénomination remplaçant le terme de Tapisserie par Art textile contemporain, cette biennale allait assumer l’évolution d’un art qui, de la tapisserie classique s’est ouvert vers une créativité renouvelée et toujours en devenir.



Une expo temporaire du 19 novembre au 5 février 2023 est par elle même la preuve d’insuffler un air nouveau sur l’art textile puisque des artistes ont pu bénéficier de bourses pour concrétiser un projet textile. 3 artistes exposent donc leurs nouvelles créations au TAMAT.
350 artistes ,depuis 1981, ont pu concrétiser un projet textile grâce au TAMAT.
Le TAMAT est aussi un centre de documentation spécialisé dans les domaines de la tapisserie et de l’art textile ancien et contemporain et c’est aussi un atelier de restauration.
Il me semble vital de « dépoussiérer » la tapisserie de lice, de rendre encore plus vivant cet art en le dénommant art textile et de faire découvrir à un plus large public toutes les nouvelles créations textiles et d’offrir la possibilité à tous de tisser en le rendant accessible par des stages conviviaux, ludiques.
Les expositions d’art textile Miniartextile comme à Montrouge
https://www.ville-montrouge.fr/1678-miniartextil-aide-a-la-visite.htm
ou au musée Jean Lurcat à Angers contribuent à ce nouveau souffle de liberté créative dans l’art textile.
Pour compléter ce ressenti j’ai rencontré il y a un peu plus d’un an dans mon atelier Hélène Crié , journaliste franco-américaine, qui tout comme moi a eu la chance d’étudier la tapisserie haute lice sur un stage longue durée à la Manufacture des Gobelins et nous avons échangé sur nos mêmes ressentis sur l’art de la tapisserie
Hélène Crié a écrit un article en anglais sur le site ci-dessous où elle dépeint l’art de la tapisserie en Europe et aux Etats Unis. Je vous joins plus bas la traduction de son article.
Merci à Hélène pour cet éclairage !
https://tapestryweaverssouth.wordpress.com/https://tapestryweaverssouth.wordpress.com/
«Ne dites plus LISSIER appeler le ARTISTE TEXTILE »
6 JUILLET 2022
Par Hélène Crié-Wiesner
En vacances ou en voyage d’affaires, la plupart des gens s’intéressent aux musées, aux arts culinaires, à l’histoire ou aux paysages. Quand je suis en France, je cherche des ateliers de tapisserie, des artistes du textile et des usines de laine. Et je suis chaque fois très déçue : à part la ville d’Aubusson et la Manufacture des Gobelins, je ne trouve rien, ou presque rien. Tissage, oui, mais pas de tapisserie.
Il y a quinze ans, quand je suis arrivé en Caroline du Nord, je voulais renouer avec le hobby que j’avais pratiqué diligemment en France dans les années 90 : la tapisserie. En France, j’avais appris cette technique dans un atelier spécialisée qui n’existe plus aujourd’hui. Déjà à cette époque, il était très difficile de trouver un endroit pour apprendre la tapisserie, du moins quand on voulait simplement pratiquer pour le plaisir de créer, et ne pas devenir un professionnel dans un atelier ou une manufacture.
Lorsque j’ai déménagé aux États-Unis, je ne savais pas où ni comment trouver un enseignant ou un atelier capable de mettre à jour mes connaissances. Je pensais que le tissage de tapisserie n’était ni populaire ni enseigné aux États-Unis. Évidemment, j’avais tort. Grâce aux possibilités offertes par Internet, j’ai découvert la vaste communauté de tisserands de mon nouveau pays.
Au fil des années, en cherchant les villes françaises où je voyage, en surveillant les réseaux sociaux pour voir qui pratique le tissage de tapisserie, et en parlant avec des amis tisserands français, j’ai compris les principales différences entre la France et les États-Unis dans ce domaine spécifique. En France, le mot « tapisserie » évoque pour la plupart des gens de grandes et lourdes tentures accrochées dans des châteaux et des bâtiments officiels. Au fil des ans, cet art créatif est lentement mort, écrasé sous le poids de son coût élevé. La production des ateliers n’est achetée que par des entités gouvernementales, de grandes entreprises ou des collectionneurs très riches.
Alors j’ai découvert qu’il y a plus de lissiers aux États-Unis qu’en France, où les débutants sont beaucoup trop intimidés par le poids de la tradition pour même penser à apprendre la technique, alors qu’ils en ont seulement entendu parler. La plupart des lissiers américains que je connais travaillent en effet sur des métiers relativement petits, même des métiers de table, qui ne permettent que de petits formats de tapisserie. J’ai découvert la tapisserie petit format en arrivant aux États-Unis, car étrangement, en France, je ne connais personne qui tisse si petit.
Il y a une autre raison pour plus de praticiens en Amérique : Il est plus facile de trouver quelqu’un pour enseigner la tapisserie aux États-Unis. Premièrement, la tapisserie est parfois enseignée dans les départements d’art des universités américaines. Deuxièmement, il y a les traditions navajo et mexicaine qui ont rendu le tissage du tapis plus visible, sans être trop intimidant.
Enfin aujourd’hui, grâce à Internet, on peut faire des recherches dans des « cours de tapisserie » et trouver facilement un endroit, un professeur, une classe pour un week-end ou une semaine, ce qui permet d’être initié à la technique sans être pointilleux. Tout en faisant la même recherche sur Google en français, vous trouverez principalement des cours de tapissier ou réfection de fauteuils (« tapisserie » est traduit en français par « tapissier »).Ou vous êtes dirigé vers la célèbre Manufacture des Gobelins qui n’enseigne qu’aux futurs professionnels. Cependant, il y a maintenant quelques possibilités d’ouverture au studio d’Aubusson à travers la nouvelle Cité Internationale de la Tapisserie, où vous pouvez obtenir quelques sages conseils.
L’année dernière, dans ma ville de Rennes en Bretagne française où je passe beaucoup de temps, j’ai été très heureuse de découvrir une femme qui enseigne le tissage et le tissage de tapisserie aux débutants, dans son atelier, sur les petits métiers. Sylvie Wujek offre trois heures ou un cours d’introduction de fin de semaine. Elle dit : « Le tissage est linéaire. Lorsque les élèves découvrent que la tapisserie peut être travaillée par zones, cela ouvre de nouvelles perspectives. Ils veulent ensuite créer un petit tableau. »
Sylvie confirme ce que mes amis tisserands me disent sur ce qui se passe en France aujourd’hui : l’art textile est de retour à la mode depuis quelques années. Comme aux États-Unis, de nombreux jeunes se lancent maintenant dans la broderie, le tricot, le crochet, le macramé, et certains timidement l’art du tissage. La plupart ne connaissent rien à la tapisserie, ou la confondent avec la broderie au point de croix. Le Tufting fait également une grande percée dans le domaine du hobby
La grande tendance aujourd’hui, chez les personnes (en grande partie des femmes) dans la trentaine, est le tissage mural, un mélange de tissage non figuratif et tapisserie, y compris toutes sortes de fibres, la plupart du temps moelleux et poilu. Un type d’événement fonctionne très bien avec ce nouveau public intéressé par cet « art mural » : les événements/ateliers pour les instagrammeurs. Ils sont souvent organisés par des magazines ou des salons spécialisés en décoration. Les instructeurs offrent des kits pour faire fonctionner un petit tableau, y compris un petit cadre avec des fibres zen et douces. Chacun part avec son travail, dont les photos sont immédiatement postées sur Instagram entourées de cœurs et de baisers. Chose certaine, personne n’ose aujourd’hui utiliser les termes « tisserand » ou « lissier »; il faut plutôt dire « artiste filaire » ou « designer textile » pour être pris au sérieux. C’est donc en France et peut-être aussi aux États-Unis? Dites-moi…
Je vous propose de suivre les actualités d’Hélène.
–la page Facebook d’hélène Crié :Tapestry Weaver / Haute Lisse Franco Américain
–son Instagram @armellechouchen